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Bien qu’elle ait été officiellement interrompue en France, en 1974, l’immigration en provenance de Turquie s’est en réalité poursuivie. Ainsi, dans les années 80, nombre d’immigrés originaires de Turquie se trouvaient en France, sans titre de séjour et de travail. Dès 1980, avec le soutien des travailleurs en situation régulière, le mouvement de revendication des  » sans-papiers  » s’est développé : il a eu pour résultat la régularisation de tous.

L’ACORT est le produit de ces luttes. Elle a eu, dès l’origine, une vocation nationale, et elle a motivé la création d’associations ailleurs, dans d’autres villes de France.

À l’époque l’état d’esprit des travailleurs immigrés se caractérisait par un grand attachement au pays d’origine où chacun espérait retourner un jour. Tout naturellement, la politique de L’ACORT reflétait cet état d’esprit : elle était axée essentiellement sur la vie politique et sociale en Turquie.

Notre espoir de retourner en Turquie a laissé place à la volonté de construire notre vie ici. Nous avons trouvé un travail, acheté des maisons, créé des entreprises, des institutions, des associations, nos enfants sont scolarisés en France. La vie économique, sociale et politique de ce pays fait partie de nous-mêmes. Désormais nous pouvons dire : NOUS SOMMES D’ICI.

Au commencement, l’horizon de nos préoccupations et de nos débats était limité par nos problèmes. En agissant pour combattre les discriminations au quotidien, nous avons vu que la question de l’immigration ne concerne pas seulement les immigrés mais elle est centrale pour construire ensemble un vrai projet de société, ici même. En effet, les structures sociales, mentales, culturelles et politiques des pays accueillant l’immigration sont remises en question par l’immigration.

Des contradictions criantes, sont ainsi mises en lumière :

Comment l’égalité reconnue en droit peut devenir effective pour tous, sans discriminations ? Comment faire de la différence non pas un obstacle mais une richesse ? Comment imaginer un projet de société où chacun quelque soit son origine puisse accéder à l’émancipation sociale, politique et culturelle ?

Les politiques développées jusqu’à aujourd’hui n’ont pas répondu à ces questions essentielles, elles ont contribué au contraire à la dégradation de la situation : les immigrés ont été condamnés aux pires conditions de vie. Elles ont surtout échoué face à la montée et à la banalisation du racisme, de la xénophobie et des comportements discriminatoires un peu partout en Europe.

En empêchant au nom de certains principes, la participation des immigrés à la vie démocratique, les politiques dites  » d’intégration” ont abouti à l’exclusion et à la discrimination.

Hier comme aujourd’hui, en organisant les immigrés de Turquie, L’ACORT veut contribuer à l’élaboration de réponses satisfaisant les aspirations légitimes de citoyenneté pleine et entière, de tous ceux qui vivent ensemble dans ce pays.

L’ACORT devenue au fil des années une association à part entière de « droit commun » dont les activités accueillent tous les habitants.

Tout en nous appuyant sur notre expertise et connaissance des questions de l’immigration, et particulièrement de l’immigration des originaires de Turquie, nous avons réussi à créer la mixité dans nos activités en prenant en compte la diversité de la population et cela grâce à notre participation active aux actions et aux espaces inter-associatifs au niveau local, national mais aussi européen.

L’ACORT est un espace qui réunit des plateformes spécifiques : L’Accès aux Droits et aux Libertés, Femmes -Médiation, Enfance- Parents d’élèves et Jeunes -Cultures Les plateformes sont des espaces de participation citoyenne à la vie de L’ACORT. Espaces de travail et de réflexion, elles sont basées sur des activités et des projets menés collectivement, par les membres et les non membres au sein de L’ACORT.